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mardi 5 avril 2011

Le programme du PS pour 2012 : des recettes du passé fruit d’un avenir meilleur ?

Ca y est. Plus personne n’y croyait mais enfin le PS a un programme. Je dirais plutôt les bases d’un programme tant il n’a pas du être facile d’accorder les multiples sensibilités au sein d’un parti qui, ces dernières années, a plus démontré un esprit individualiste qu’un véritable sens collectif. Bref, voici donc une vingtaine de propositions posées sur la table et qui guideront à priori la campagne du futur vainqueur des primaires socialistes. Charge à celui-ci, ensuite, d’être capable de l’enrichir et de lui donner une véritable ampleur. Toujours est-il qu’à peine sorti, ce programme fait l’objet des plus vives critiques. On s’y attendait, tant nos chers politiques sont incapables de reconnaître qu’une mesure proposée par l’opposition puisse être bonne quelle qu’est soit d’ailleurs.

Parmi ces propositions en tous cas, certaines ont été particulièrement fustigées. Les « emplois jeunes » ou encore le « care » en raison de leur côté passéiste. Et bien, pour ma part, le passé n’est pas forcément à jeter aux oubliettes. Le développement durable, concept en vogue et partagé par tous (au moins en théorie) n’est-il pas d’ailleurs sur beaucoup d’aspects un retour aux méthodes du passé. Un exemple ? La gestion différenciée des espaces verts ou l’agriculture biologique ne sont-elles pas deux méthodes anciennes qui étaient pratiquées partout avant que les pesticides et la mécanisation ne viennent bouleverser nos sociétés et nos comportements. Promouvoir une société qui respecte et protège davantage l’homme n’est dès lors à mon sens pas si passéiste que ça. Et si, pour les détracteurs des mesures proposées par le PS, le passé aurait prouvé leur inefficience, que dire alors du libéralisme qui pourrait alors tout aussi bien être rangé au rayon des erreurs ancestrales. D’ailleurs, si les emplois jeunes ne régleront sans doute pas la question de l’emploi des jeunes, en quoi cette mesure serait-elle absurde ? Car après tout quitte à payer, sur nos deniers publics, des inactifs (RSA, allocations chômage,…), autant les faire travailler et leur donner une chance, ainsi, de réintégrer le monde du travail. Non ? Ce type d’analyse pourrait concerner la plupart des mesures défendues aujourd’hui dans le programme du PS. L'octroi d'une allocation d'études, l’encadrement des loyers, la limitation des salaires des patrons d'entreprises publiques ou encore la taxation des profits pétroliers, des revenus du capital et des stock-options vont, selon moi, dans le sens d’un développement social et économique moins sauvage.

Ce qui pose davantage question, dans ce programme, ce ne sont pas les mesures proposées mais celles qui ne le sont pas. Nulle proposition concrète n’est faite sur les vrais débats qui pourraient alors faire de ce programme un vrai projet de société, qu’il soit passéiste ou non d’ailleurs. N’est-il pas vrai, en effet, que toutes les études sociologiques conduisent au même résultat : les citoyens ont la sensation de moins bien vivre aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Est-ce cela l’avenir ? Alors bien sûr, est évoquée la sortie du "tout nucléaire", qui s’apparente plus à une volonté de tirer parti de l’actualité qu’à une vraie conviction. Mais pour le reste ? Rien, ou si peu, sur le creusement des inégalités, sur les niches fiscales qui permettent aux plus riches de s’enrichir davantage, sur l’assistanat social qui n’a jamais permis de résoudre les difficultés sociales d’une population et qui de surcroît décourage certains à se lever le matin. D’ailleurs la volonté de supprimer l’exonération de charges sur les heures supplémentaires s'apparente à un non sens économique. Cela ne permettra pas un meilleur partage du travail, rendra la situation des PME encore plus critique et ôtera du pouvoir d’achat à des actifs qui soutiennent la consommation. Rien non plus sur l’agriculture et la toute-puissance de la grande distribution. Rien enfin sur l’Europe et sa vision ultralibérale. Comme si, finalement, rien n’était vraiment possible, en dehors des dogmes actuels.

Plus que d’être passéiste, ce programme semble manquer avant tout de vision d’avenir. Pas sûr qu’il convaincra l’électorat traditionnel de gauche ou ses partisans passés à droite faute d'ambition. Il a au moins cependant l’avantage d’être réaliste budgétairement et de situer au centre, là où, selon les observateurs, devrait se jouer la prochaine élection présidentielle. Un bon calcul peut-être mais le pays n’en sortira pas forcément grandi.

Rédigé par Fred H.

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