Droite ou gauche ? Qui remportera la prochaine élection présidentielle ? Si certains s’effraient déjà d’un éventuel succès de Marine Le Pen, force est de constater que ce succès ne pourrait qu’empêcher un duel PS-UMP au second tour. Qui imagine en effet un seul instant que la candidate du Front puisse remporter 50% des suffrages et prendre possession de l’Elysée. Cette question d’ailleurs ne posera problème qu’aux partisans des partis traditionnels. Qui profitera (à l’image d’un Chirac élu en 2002 avec 80% des voix alors qu’il avait à peine dépassé les 20 au premier tour) de la présence de l’extrême-droite au second tour ? Sarkozy qui peut à priori compter sur toutes ses troupes (à moins que Villepin ou Borloo ne viennent lui manger des voix sur le dos) ou le candidat du PS qui devra d’abord éviter que Mélenchon et les Verts (surtout si Nicolas Hulot entre dans la danse) ne l’éliminent ?
Peu importe en fait qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre. Si « droite-gauche, même combat et même politique » peut paraître abusif (il existe des différences notables, en termes de valeurs et de culture), nul ne peut nier qu’il ne faut pas attendre grand-chose de notre futur Président. Les slogans et les promesses seront sans doute grandiloquents, paraîtront même convaincants mais la déception sera à la taille de l’espoir. Le système économique est ainsi fait qu’il n’offre que des marges de manœuvre réduites. Et que les dindons de la farce, une fois encore, seront les PME et les classes moyennes, celles qui financent en grande partie les dépenses de l’Etat pendant que les populations nécessiteuses et les riches seront sans doute encore chouchoutées, plus ou moins d’ailleurs en fonction du vainqueur mais elles ne seront pas oubliées.
Pourquoi ? Le mécanisme est simple. D’abord, vouloir taxer les richesses (notamment du capital) est illusoire. La volatilité financière est si exacerbée que la moindre tentative de mesure contraignante (du type interdiction des licenciements, taxation des revenus du capital) serait à peine envisagée que l’argent aurait sans doute déjà disparu. Il suffit de voir le nombre de grandes fortunes et de grandes entreprises françaises élire domicile à l’étranger pour en faire le constat. Ensuite, couper les vivres aux personnes nécessiteuses est dangereux. A-t-on envie de vivre reclus dans des bunkers parce que la moitié de la population en quête de nourriture serait prête à nous égorger ? Qui a lu Germinal comprendra de quoi il retourne. Et encore, à l’époque, les « citoyens » étaient encore dociles et plus facilement impressionnables.
Si épargner les riches et financer les pauvres pour acheter la paix sociale (excusez la simplification mais elle est nécessaire) est devenu un leitmotiv indispensable, il importe néanmoins de faire rentrer de l’argent dans les caisses publiques. Et dès lors qui d’autre pour payer que ceux qui ont trop à perdre et pas assez à gagner pour se rebeller ? Ce sont donc les PME et les classes moyennes qui supportent (en pourcentage de leurs revenus) l’essentiel de l’impôt.
Mais pourquoi ne pas finalement s’attaquer au problème de front me direz-vous ? Pourquoi, par exemple, ne pas privilégier les PME en se disant que ce sont elles qui emploient l’essentiel des habitants du pays ? Parce que, tout simplement, une grande majorité de ces PME vit grâce aux multinationales qui n’ont de cesse de faire baisser leurs coûts de production en faisant travailler des sous-traitants. Le départ des trusts serait donc un coup dur pour l’économie française et voilà pourquoi les régions les attirent à coup de millions pour s’installer sur un territoire car au-delà de l’emploi généré directement, elles créent des emplois indirects par milliers. Pourquoi, autre exemple, ne pas se dire « puisqu’elles sont déjà peu imposées au regard de leur fortune, ne pas les taxer davantage puisque de toute façon, la France ne sera un paradis fiscal et que les partants le feront quoiqu’il advienne partir les grandes fortunes (l’échec du bouclier fiscal en atteste) ». Il s’agirait là d’un geste fort. C’est oublier un peu vite que c’est l’avoir de ces grandes fortunes, défiscalisé le plus souvent, qui alimente en argent frais l’économie du pays et permet la réalisation des projets d’envergure. Sans compter que ces grandes fortunes sont aussi souvent les mêmes à tenir les grandes entreprises du pays. L’Etat et les collectivités n’ont plus d’argent pour mener à bien ce type de démarche et par le biais de la défiscalisation, ils permettent aux riches de s’enrichir davantage.
Le problème profond n’est finalement pas tant que ce soit les classes moyennes ou les PME qui payent le prix fort. Nous avons tous à un moment ou à un autre bénéficier des politiques de l’Etat (primes à la casse automobile, allocations familiales ou chômage, bourses d’études,…) et l’impôt est un juste retour des choses dans toute société qui aspire à se dire civilisée. Non le problème est dans l’utilisation de ces fonds qui paraissent, pour la grande majorité des français, mal employés. Ni baisse du chômage, ni réduction de la délinquance, ni arrêt du creusement des inégalités ne peuvent être affichés comme résultat. La faute à qui ? A une minorité qui profite du système en abusant des aides de l’Etat sans jamais donner de contrepartie. Qui ne connaît pas autour de lui un chômeur qui ne va au pôle Emploi que pour récupérer ses indemnités ou un rentier se plaignant de payer des impôts ! Pire, cette minorité ne cesse de prendre de l’ampleur tant les valeurs qui guident notre société sont devenues individualistes et égoïstes. Avec la paupérisation et les délocalisations toujours plus nombreuses, la situation ne risque pas de s’arranger. Les classes moyennes disparaissent ainsi progressivement pendant que les PME sont les premières touchées par les crises économiques, un phénomène faisant peser davantage de pression financière sur les restants. Mais à terme qui paiera ? A moins que d’ici là, les « perdants » du système ne se rebellent vraiment. Et dans ce cas, la question du Front National pourrait devenir autrement plus préoccupante.
Publié par Fred H.
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