Des températures largement sous le Zéro Degré. La France grelotte et pas seulement les pauvres SDF qui peinent à trouver un refuge. Non, un autre danger menace, celui de l’approvisionnement en énergie pour chauffer les foyers français mais aussi les locaux d’entreprise et les bureaux. Et là, les appels à la citoyenneté lancés par Henri Proglio, Président d’EDF ont de quoi nous glacer dans le dos. A chacun en effet de veiller à une utilisation raisonnée de l’électricité sous peine de black out, notamment dans deux régions de France, l’Ouest et le Grand Sud. Au-delà des considérations purement techniques se pose une nouvelle fois la question de l’indépendance énergétique du pays. Le nucléaire n’est-il pas finalement indispensable ?
Alors bien sûr, c'est la société civile qui serait responsable d’un éventuel black out. C’est en substance ce qu’a asséné Henri Proglio en évoquant « les oppositions quasi constantes » des populations locales à l’installation de réseaux d’acheminement. Soit mais qui pourrait reprocher aux habitants de ne pas vouloir que des pylônes gigantesques soient installés au-dessus de leurs têtes ? Le recours à l’enterrement des réseaux est évidemment une solution mais le coût ne serait pas supportable par l’entreprise (encore ?) publique. Toujours est-il que malgré ces problématiques, EDF serait prêt à parer à toute surconsommation exceptionnelle. Tant mieux ! Mais pour combien de temps ? Car force est de constater que c’est parce que 55 des 58 centrales nucléaires du pays sont en activité que l’exploit est a priori possible. Qu’en sera-t-il dans 10 ans si l’arrêt progressif des centrales se confirme ? Il suffira de développer les énergies renouvelables et d’acheter notre énergie complémentaire à l’étranger. Sauf que ces deux affirmations peuvent sembler péremptoires. D’abord parce qu’encore faudra-t-il qu’il soit possible de se procurer de l’énergie hors de nos frontières. Gazprom, premier fournisseur de gaz a déjà indiqué de pas pouvoir subvenir à la totalité des demandes françaises. Et, qui plus est, si le froid s’abat chez nous, il y a tout de même de fortes chances que nos pays limitrophes soient aussi affectés. Surtout, n’est-il pas surréaliste qu’une branche économique entière, celle de l’électricité, rentable et pavillon de l'économie française, soit abandonnée ?
La question des énergies renouvelables ensuite ! Géothermie, éolien, solaire, autant d’énergie dont on ne cesse de nous vendre les mérites. Si bien sûr, leur valeur intrinsèque environnementale est indéniable, nul ne peut nier que la théorie se heurte à la pratique. La géothermie reste embryonnaire et n’est pas adaptée à toutes les régions. L’éolien souffre de l’opposition des populations qui refusent de voir ces moulins du temps moderne se multiplier. Et encore omet-on de parler des risques pour la faune (oiseaux désorientés,…) et des problèmes d’efficacité (pas de vent pas d’énergie !). Quant au solaire, l’arrêt brutal du subventionnement par l’Etat des panneaux, ci-décrié est le fruit d’une constatation brutale : 90% des panneaux sont fabriqués en Chine, dans des conditions écologiques ahurissantes et leur recyclage est loin d’être assuré ! Enfin, l’éolien off shore, dont les premiers parcs vont bientôt faire l’objet d’appels d’offre, n’est qu’une solution parcellaire, aux impacts environnementaux non encore estimés et qui ne peut pas devenir la règle. Que reste-t-il donc ? Le nucléaire bien sûr ! Evidemment, la question des déchets reste un problème majeur tout comme la question de la sécurité des centrales que nous a rappelé avec douleur, le cas Fukushima.
A-t-on donc réellement le choix ? En ces temps de crise économique, la réponse semble négative. Le nucléaire demeure notre option prioritaire pour des raisons de rationalisme économique plus que d’engouement véritable. Les Verts semblent affirmer qu’il faudrait investir tout l’argent actuellement dévoyé aux centrales dans le développement des énergies vertes. Mais cela sera-t-il suffisant pour assurer une réponse aussi efficace à nos besoins qui ne cessent d’ailleurs de croître ? Peu semblent y croire et même les pays (tels l’Allemagne) qui se sont engagés dans cette voie de manière drastique continuent de faire tourner à plein leurs centrales à énergie fossile (fuel et charbon notamment). Et, surtout, comment faire d’ici là, alors que nos centrales nucléaires arrivent toutes en fin de vie ? L’idéal serait bien sûr de continuer dans la voie du nucléaire tout en investissant massivement dans la filière des énergies vertes. Tout en veillant, bien entendu, à ce que cette filière soit réellement source d’emplois locaux et ne finance pas des importations massives. L’Etat ne semble pas en avoir les moyens. Comme en atteste la difficile mise en place de la politique européenne des 3x20 : 20% d’énergie renouvelable, 20% de baisse des consommations et 20% de réduction des gaz à effet de serre. Nous sommes loin d’avoir atteint ces objectifs. La réduction des gaz est aujourd’hui surtout due à la désindustrialisation de nos pays dits développés. Celle des consommations est difficile à mettre en œuvre en raison du coût plus élevé des matériaux et des modes de construction à l’origine. Ce qui explique d’ailleurs que de nombreux projets immobiliers voient leurs objectifs environnementaux réduits pendant leur mise en œuvre pratique. Quant aux énergies renouvelables, si l’objectif de 20% peine à être réalisé, on peut se demander comment pallier, sans l’énergie nucléaire, aux 80% restants.
Il importerait sûrement de mettre en œuvre des politiques beaucoup plus drastiques (obligation de construction HQE, accroissement du coût de l’énergie pour ceux qui en font une utilisation superflue, pénalisation financière du recours aux énergies non renouvelables). Mais ces mesures, salutaires, sont par nature impopulaires, à une époque où le pouvoir d’achat stagne et où la moindre augmentation sur la facture fait se lever une grande majorité de la population. Nous ne sommes sans doute pas, malheureusement, sortis de l’ère du nucléaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire