Ca y est, c’est reparti pour un tour. Nous avions déjà eu droit (je vous les cite pêle-mêle) à l’affaire du voile intégral, à celle du Quick halal (détrônée depuis par celle du Quick tueur), au débat sur l’identité nationale qui avait rapidement tourné au sondage pro ou anti-islam ou encore aux tribulations de Harry Roselmack chez les fondamentalistes musulmans. Cette fois, c’est Benoist Apparu qui soulève le lièvre en déclarant qu’il serait plus que nécessaire de modifier la loi de 1905 qui, rappelons-le, garantit la laïcité de notre République en instaurant la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
A priori une intense réflexion autour de ce sujet apparaît plus que nécessaire. Cette loi, en effet, interdit tout financement de lieux de cultes sur les deniers publics. Rappelons néanmoins que cette loi est fréquemment dévoyée quand il s’agit de lieux de culte « catholique » si ceux-ci s’avèrent faire partie de notre patrimoine (bâtiments classés). Faut-il donc que l’Etat, oui ou non, finance la construction de mosquées ? Les opposants à la démarche argueront du fait que ce n’est pas aux pouvoirs publics de s’insérer dans des affaires purement religieuses. Les partisans, quant à eux, soulignent la nécessité de ne pas laisser des financeurs étrangers créer des foyers d’intégrisme au cœur de notre pays. Rarement, dans le débat qui les oppose, n’est affirmée la nécessité d’offrir aux personnes de confession musulmane les moyens de pratiquer leur religion bien que notre Constitution affirme clairement la liberté de culte et de pensée. Ce qui aujourd’hui, au regard du nombre d’individus concernés (près de 6 millions) n’est matériellement pas le cas, en raison du faible nombre d’infrastructures mais aussi des réticences de certaines communes à mettre à disposition des sites.
La question de l’islam en France revêt aujourd’hui un caractère tellement passionné qu’aucune réelle politique constructive et qu’aucune réflexion sur les vraies causes du problème ne peuvent émerger. La première chose à faire est de nous interroger les origines de cette peur de l’islam ? « Des burqas dans la rue, des barbus en habit de religieux, de la présence toujours plus visible des intégristes » répondront les plus terre-à-terre. Franchement qui peut prétendre que l’islam radical a pris en otage notre pays ? Il ne s’agit là que de phénomènes encore marginaux qui, s’ils tendent indéniablement à se développer, ne constituent pas pour l’heure un réel danger pour notre pays. Ce danger est surtout amplifié par l’extrême-droite dont le meilleur terreau a toujours été, l’Histoire le démontre, la peur de l’autre et la recherche du bouc-émissaire. La médiatisation des attentats islamistes dans le monde depuis le drame du World Trade Center et des errements de régimes comme l’Iran amplifient la crainte de nos concitoyens. Une crainte souvent surréaliste : comment expliquer autrement que dans certains villages de la campagne profonde, le Front national affiche des scores à 20% aux élections alors que les immigrés y sont très très peu représentés et que les phénomènes d’insécurité sont au plus bas.
Cette peur de l'islam vient d’abord d’une confusion, de plus en plus flagrante à mesure que le débat prend de l’ampleur, entre islam, immigration et islamisme. L’islam, intrinsèquement et dans l’absolu, n’est pas plus dangereux que ne le sont le judaïsme ou le christianisme, les deux autres grandes religions monothéistes, les trois s’étant développées sur le même type de valeurs et le même socle de pensée. Aurait-on oublié que ces trois religions se fondent sur la volonté de conversion de tous ? Aurait-on oublié que la diaspora juive visait à répandre la « bonne nouvelle » partout dans le monde. Aurait-on oublié les massacres d’indiens par les conquistadors ? Aurait-on oublié, qu’aujourd’hui encore, on tue au nom du christianisme ou que les prêtres bénissaient encore nos canons, qu’ils soient nazis ou alliés, il y a une soixantaine d’années ? Si, en France, nous n’en sommes apparemment plus là, c’est en raison d’abord de l’éducation républicaine qui, petit à petit, a remplacé dans le cœur des écoliers, l’éducation religieuse.
Et c’est justement là, au coeur des lieux d'émergence de l'islamisme qu’il faut agir. En n’intégrant pas les centaines de milliers d’immigrés venus de nos anciennes colonies pour faire tourner nos usines à moindre frais pendant les Trente Glorieuses, nous avons favorisé le communautarisme. Aujourd’hui, dans certaines banlieues, plus de 90% des enfants sont d’origine étrangère. Est-ce normal ? Certains répondront que ce communautarisme est le fruit de ces personnes immigrées dites de première génération qui auraient préféré envoyer leurs revenus au pays plutôt que de s’intégrer. Ceux-là même qui, soit dit en passant, honnissent bien souvent le regroupement familial. Je leur répondrais ceci. D’abord, qui sommes-nous pour juger de leur volonté d’aider financièrement leurs familles installés dans des pays dont le retard de développement est en grande partie dû à notre tempérament exploiteur et colonisateur ? Ensuite, qui d’entre nous, s’est ému du nombre de personnes parquées dans des foyers sonacotra ou dans des barres d’immeubles aujourd’hui devenues infâmes ?
L’islamisme prend sa source dans la misère et l’obscurantisme comme autrefois, chez nous, l’intégrisme chrétien servait de soutien et de caution morale au pouvoir monarchique. Soyez assurés que la grande majorité des personnes issues de l’immigration ayant un bagage scolaire et un travail pratiquent l’islam comme la plupart des français pratiquent le christianisme : avec mesure ! Cette perte de valeurs, de lien social, de la notion même de partage que connaissent notre civilisation et nos modes de gouvernement, est à la base même du développement des phénomènes sectaires.
Favorisons par conséquent la mixité sociale dans nos villes, soyons ouverts à la différence, apportons des vrais solutions aux jeunes des quartiers déboussolés par l’injustice et le rejet des français de souche. Le reste suivra et des solutions émergeront. Après tout, pourquoi l’islam n’aurait-elle pas droit de cité en France. Parce que nous aurions une tradition chrétienne ? N’est-ce pas là faire fi, justement, de la loi de 1905. Pourquoi le catholicisme devrait-il, dans un pays laïque, avoir plus de droits que les autres religions ?
Bien sûr, il restera sans doute encore quelques illuminés pour appeler à la charia comme nous avons encore quelques groupes à la solde des mouvements extrêmistes du catholicisme mais ces marginaux ne nous poseront plus problème. Ils seront clairement distingués des musulmans souhaitant simplement pratiquer leur religion et des populations certes issues de l’immigration mais avant tout françaises de part leur nationalité. Il sera alors tellement plus facile de les combattre !
Rédigé par Fred H.
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