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jeudi 10 février 2011

J'ai vu...la comédie musicale de Didier Super, le 09/02/2011 à Lille!

Didier, vous le connaissez peut-être, est ce trublion originaire de Douai que le Nord – Pas de Calais a découvert il y a quelques années avec des titres aussi atypiques et dérangeants que « Y’en a marre des pauvres », « Petit caniche, peluche pour vieux » ou encore « on va tous crever ».
Un artiste (oui, un artiste, n’en déplaise à ses détracteurs) véritablement inclassable ! Ni  chanteur ni vraiment musicien, non parce qu’il n’en n’aurait pas le talent mais parce qu’il ne cherche pas à l’être (chanter faux et faire semblant de jouer de la guitare font partie de sa panoplie), Didier Super avait alors stupéfié par sa vulgarité, ses sarcasmes mais surtout par sa capacité à assener des vérités avec un humour pour le moins graveleux. Des vérités ou plutôt les vérités de ses concitoyens : en bref, dire tout haut ce que beaucoup pense tout bas, souvent avec honte d’ailleurs.
Ce qui lui valut d’ailleurs d’être taxé de racisme, d’intolérance, d’imbécillité
… par ceux qu’il avait consternés ou au contraire d’avant-gardisme par ceux qu’il avait émerveillés.
Il est vrai que ses attaques en règle contre les religions, le handicap, la politique, les banlieues, la vieillesse, les SDF, les enfants, le capitalisme… manquaient pour le moins de finesse, à qui l’écoutait au premier degré.
Vous faire ici un résumé de la « pensée » de Didier n’étant pas l’objet de cet article, je vous invite à le (re)découvrir sur le net ou son site dédié.

Trois albums plus tard ou plutôt deux (le second étant une copie du premier, seules les mélodies ayant changé), Didier nous revient plus en forme que jamais. Sa notoriété a désormais dépassé les frontières du Nord et son installation à Paris démontrent que désormais il se sent prêt, à l’instar du titre d’une de ses chansons, à « devenir une star ». Hier soir, donc, il proposait sa « comédie musicale » au Théâtre Sébastopol de Lille. Evidemment ici, il ne fallait pas s’attendre à un spectacle à la Dove Attia. Tout fut à l’image de Didier et c’est ce que ses fans attendaient de lui : un décor et des costumes minables, une mise en scène aux allures indigentes et des chansons polémiques faisant une large place au mauvais goût tant musical que textuel. D’emblée, la première partie de la soirée donnait le ton avec une chanteuse dont il fut impossible d’entendre le nom, les beuglements et hurlements de la salle couvrant bien souvent sa voix. Il y fut question de bébés congelés, d’excision, de sodomie, de viol et autres sujets scatophiles… Décapante, drôle et décalée, la demoiselle n’a guère d’autre espoir que Didier pour jouer en première partie d’un artiste.

Puis, enfin, dans une salle comble et acquise à la cause du chanteur, apparaissaient Didier et ses acolytes parmi lesquels Fabrice, dans le rôle du mongol, fut le plus apprécié. L’histoire, vous l’imaginez, fut pour le moins simpliste : Didier, guidé par son nounours, allait vivre de nombreuses aventures pour « retrouver la haine », haine perdue où il puisait pourtant son inspiration créatrice. Le voilà donc confronté pendant deux heures à un milliardaire, à des racailles en casquette, à des politiciens,… le tout entrecoupés de délires en BMX (il est un sportif aguerri dans ce domaine), de sketches souvent désopilants et de chansons parfois mordantes mais aussi, il faut l’avouer, de longueurs assez fatigantes (le spectacle aurait gagné en intensité s’il n’avait duré qu’une heure et demie).

Que retenir de tout ça ? Déjà que son idée de comédie musicale fait mouche et renouvelle son style. Ses concerts (j’en ai vécu plusieurs) devenaient pour le moins monocordes et Didier trouve ici le moyen d’étoffer son répertoire. Ses chansons et son humour ensuite ? Si certaines d’entre elles, piquantes à souhait, m’ont réellement bluffé, d’autres sentaient le réchauffé. La redondance de certains sujets (les juifs, les arabes et les catholiques ou encore les pauvres et les riches sans oublier les chinois) ne pouvait laisser indifférents ses fans de la première heure.
Didier semble ici avoir quelque peu oublié que son côté provocateur risque de perdre de son intérêt s’il n’y ajoute plus les notes de subtilité qui ont fait son succès. Qui se souvient de « Petit Papa chinois » ou de « Y’en a des biens » comprendra à quoi je fais référence.
Le risque : une surenchère aussi stérile que ridicule. Le titre « les enfants, faut les brûler » issu de son dernier album ou l’apparition de Hitler, hier sur scène, en sont l’illustration affligeante. Dommage dirais-je. Dommage d’abord parce qu’une partie de son public semble se délecter de cette évolution. Dommage ensuite parce ces choix ne reflètent pas ses réelles qualités. Dommage enfin parce que Didier sait, quand il le veut, être un véritable showman comme son « dialogue » avec le public en fin de spectacle l’a démontré.
Se renouveler est un art difficile et Didier ne le maîtrise pas encore. Fumer une cigarette sur scène systématiquement après un concert devient, par exemple, lassant sur la durée. J’espère en tous cas qu’il ne noiera pas son anticonformisme vivifiant dans un style qui pourrait devenir, s’il n’y prend pas garde, trop commercial, schéma qu’il ne cesse d’ailleurs de dénoncer.   
Pas facile d’être un artiste.

Pour découvrir Didier Super : http://www.didiersuper.com/
Rédigé par Fred H.

3 commentaires:

  1. J'y étais aussi !
    Et je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait qu'il faudrait qu'il renouvelle un peu les sujets de ses chansons ^^

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  2. C'est certain, il manque parfois d'originalité mais on l'aime quand même notre Didier

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  3. Attention : Didier m'a demandé une rectification. Exerçant ainsi son droit de réponse, il m'a écrit pour me dire : "Tout ce que tu veux, mais je me suis pas installé à Paris, merde !"
    C'est noté, Didier. Merci à toi !

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